Adresse au Roi des Français et autres écrits révolutionnaires

Sade fut-il un fervent révolutionnaire, comme l’ont rêvé les surréalistes ? Un inspirateur du nazisme, comme le suggère Pasolini dans Salò ? La vérité est toute autre : elle se lit (parfois entre les lignes) dans les textes politiques qu’il écrit entre 1791 et 1794.
Libéré par la Révolution d’un long emprisonnement, le ci-devant marquis doit prouver son zèle patriotique.
Depuis l’« Adresse d’un citoyen de Paris au Roi des Français » jusqu’à la pétition antireligieuse qu’il rédige juste avant d’être emprisonné comme « suspect », en passant par le fameux discours « aux mânes de Marat et de Le Pelletier », clou d’un hommage public rendu à l’Ami du peuple assassiné, ces textes essentiels laissent affleurer, sous la langue de bois obligée, une indomptable liberté de parole.

Présenté par Philippe Roger.

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Format : 10,5×15
Nombre de pages : 68 pages
ISBN : 978-2-84418-451-1

Année de parution : 2023

6,50 

Catégorie :

Extrait 1

Sexe timide et doux, comment se peut-il que vos mains délicates aient saisi le poignard que la séduction aiguisait ? … Ah ! votre empressement à venir jeter des fleurs sur le tombeau de ce véritable ami du peuple, nous fait oublier que le crime put trouver un bras parmi vous. Le barbare assassin de Marat, semblable à ces êtres mixtes auxquels on ne peut assigner aucun sexe, vomi par les Enfers pour le désespoir de tous deux, n’appartient directement à aucun. Il faut qu’un voile funèbre enveloppe à jamais sa mémoire ; qu’on cesse surtout de nous présenter, comme on ose le faire, son effigie sous l’emblème enchanteur de la beauté. Artistes trop crédules, brisez, renversez, défigurez les traits de ce monstre, ou ne l’offrez à nos yeux indignés qu’au milieu des Furies du Tartare.

Extrait 2

Ah ! Sire, que vous avez mal saisi vos véritables intérêts, que vous avez mal connu le peuple qui vous élevait au-dessus de lui ! Séduit par vos démarches et par vos discours, ce peuple furieux avec raison contre l’abus du gouvernement de vos anciens ministres, commençait à revenir sur votre compte ; il séparait les torts de vos flatteurs des vertus qu’il aimait à reconnaître en vous, et il disait : le bien est l’ouvrage de son cœur, le mal est celui de ses ministres. Heureuses et douces dispositions qui avec un peu de patience et de bonne conduite, vous eussent rendu bien plus que vous n’aviez perdu, car, Sire, vous n’aviez que des respects à Versailles, vous auriez gagné des cœurs à Paris.

Extrait 3

Le règne de la philosophie vient anéantir enfin celui de l’imposture ; enfin l’homme s’éclaire, et, détruisant d’une main les frivoles jouets d’une religion absurde, il élève de l’autre un autel à la plus chère divinité de son cœur. La Raison remplace Marie dans nos temples, et l’encens qui brûlait aux genoux d’une femme adultère ne s’allumera plus qu’aux pieds de la déesse qui brisa nos liens.

Poids 90 g
Auteur

Sade D. A. F.

Éditeur

Collection La Petite Part