Description
L’art poétique
un haïku
au bout de la langue
insaisissable
Soizic Michelot
L’anthologie de René Maublanc débute par trois haïkus, un de Gilbert de Voisins et deux de Julien Vocance, sur le thème de l’art poétique.
C’est spécifiquement de l’art du haïku dont il s’agit.
Le poète japonais
Essuie son couteau :
Cette fois l’éloquence est morte.
Julien Vocance – 1921
Hormis Julien Vocance, qui consacra tout un chapitre de son livre des haïkaï à cette problématique, peu de poètes se sont exprimés sur ce sujet, y compris ceux du 21ème siècle, car un tel thème s’adapte mal au genre, poème des sens par lequel l’auteur cherche à suggérer ce qu’il vit dans l’instant.
J’ai retenu ces quelques textes qui, mieux que d’autres, résument l’état d’âme du haïjin d’aujourd’hui : un poète délaissant la littérature, trop bavarde, pour se concentrer sur les instantanés, insaisissables pour celui qui ne veut pas, ne peut pas, les voir, trop oppressé du passé, trop exigeant du présent ou trop stressé de l’avenir.
Les haïjins de cet ouvrage, reporters de l’ordinaire, vous invitent ainsi à partager leur vie, même banale.
Animaux & fleurs
L’ombre d’un papillon
butine l’ombre d’une fleur
sur le bitume
Lydia Padellec
Les haïjins contemporains sont confrontés à une nature différente de celle des années 20.
Nombre de haïkus de ce chapitre respirent la vie citadine, où l’auteur semble contempler la nature sans vivre en son sein. Les fleurs, les animaux sont les habitués de nos cités.
Les haïkus des années 20 sont emplis de crottin, de bouse, de poulaillers ou d’animaux de traits.
Rien d’anormal !
Le haïku doit refléter, au travers des cinq sens, la vie de l’auteur.
L’imagination n’ayant pas sa place dans le haïku, les ambiances sont nécessairement celles, propres à chaque époque.
D’un tas inerte de crottin
L’auto rapide
Fait jaillir deux hirondelles
René Druart – 1923
Habillée en cheval,
Elle ne sait pas se servir du mors,
La vache.
Albert Poncin – 1920
Œuvres japonaises
Dans l’anthologie de René Maublanc, ce volet est entièrement consacré à Henri Druart qui, en octobre 1922, composa des haïkus en s’inspirant de bibelots japonais découverts au Musée d’art de New-York.
De son marteau
Le tonnelier
Va fendre la terre
Henri Druart – 1922
Achetez mes pommes.
Dans un instant
J’aurai tout mangé !
Henri Druart – 1922
Aucun commentaire n’accompagnant ces textes, nous restons parfois dubitatif.