Nos Ardennes

Lorrain de hasard, ardennais d’occasion, le poète Paul Verlaine est attaché à ces régions du Nord-Est, où il conduit le lecteur dans des articles en forme de promenades. C’est un cicérone enjoué et fantasque qui nous promène à travers Rethel, Vouziers, Metz, dont il montre les curiosités et dont il donne à goûter les saveurs.
Originaire de Lorraine, Verlaine explore ensuite les Ardennes, où le conduisent différentes aventures. Attaché à ces régions du Nord-Est, il les donne à visiter dans des articles de la presse locales, rassemblés ici en anthologie. Son style enlevé, vif, entraînant, font de lui un guide aussi fantasque que captivant.

Présentation par Elodie Dufour.

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Format : 10,5×17
Nombre de pages : 50 pages
ISBN : 978-2-84418-441-2

Année de parution : 2023

6,50 

Catégorie :

Extrait 1

Vite, trois tickets pour mon aimable lectrice, mon lecteur bénévole et leur cicerone très indigne. En voiture, messieurs, en voiture ! Pschu ! pschu !… Tagnon ! Tagnon ! Tagnon !

Un coup d’œil sur Tagnon ! Joli clocher, paysage léger.

Le Châtelet ! Ici nous descendrons et irons boire, madame une groseille, monsieur et moi une chopine de vin paillé chez le père Moreau.

Un salut à cet excellent garçon et à la digne patronne du lieu, et sautons d’un bond dans l’omnibus à Riccoteaux, un voiturier gai comme un pinson, rond comme une pomme et franc comme l’or.

Extrait 2

Ah ! tout de même les kilomètres se succèdent à l’excès. La campagne, féconde du reste, est bien rase, bien plate, bien laide, disons-le. Quoi ! pas un arbre ? Et que cette route à travers champs, sans nul ombrage d’aucune sorte, est donc blanche ! La Champagne, qui va finir, semble prendre ici sa suprême revanche, et ce serait le cas de nous écrier, en parodiant le mot d’un illustre militaire, plus familiarisé avec la spontanéité du langage d’un soldat à la Bayard et le danger des batailles pour la France, qu’avec la banale éloquence officielle et les trucs sans danger du parlementarisme contemporain, à la vue de fleuves débordés :

« Que de craie, que de craie, saperlipopette ! que de craie ! »

Extrait 3

J’étais amoureux !

Oui, un amoureux de cinq ans. Elle s’appelait Mathilde (je devais retrouver ce nom dans ma vie). Six ans, elle, ou environ. Je ne la vois plus très bien : autant que je puis l’évoquer, blondinette, aux coques gentiment nombreuses sur la tête et autour, laissant voir la conque mignonne des oreilles néanmoins ou bonne part d’elles ; teint rose ardent. Quels yeux ? Grands pour sûr et bleus très sans doute, à moins que violets. Des taches de rousseur plutôt opportunes, sorte de mouches ingénues, rares d’ailleurs.

Poids 90 g
Auteur

Verlaine Paul

Éditeur

Collection La Petite Part