Description
Un après-midi d’été, à Venise. Sur un vaste campo, éclatant de soleil, près de la basilique Santi Giovanni e Paolo, un chat tigré dormait au pied de la statue équestre du condottiere Colleoni, œuvre colossale de Verrochio. Le chat dormait en rond, humble et paisible. à l’opposé du personnage orgueilleux et farouche, dont la statue dominait la place.
Je regardais le chat qui, modestement, se reposait, sans souci de pouvoir, de gloire ou de victoire. Ni d’éternité. Tout entier abandonné à l’instant présent.
C’était un chat tigré, comme tant d’autres. Je n’ai pas voulu troubler son sommeil confiant, en le caressant. Je l’ai simplement regardé, le laissant à la paix de ses songes. Il devenait, à cet instant, le symbole de tous les chats qui, à côté des prétentions humaines, mènent leur vie simple, en silence. Leur vie tranquille, auprès de nos ambitions, de nos inquiétudes, de nos tourments.
En contemplant le chat de Venise, dont je ne saurai jamais le nom, je pensais à mes chats familiers, à Douchka, petite âme, ma compagne féline depuis la mort de Plume, que j’ai tellement aimée. Plume, dont la douceur continue à m’habiter. La tendresse demeure dans son rayonnement mystérieux. Je pensais à tous les chats de l’immeuble où j’ai choisi de vivre, aux chats du jardin, à ceux que je croise au hasard des rues. Chats du dedans. Chats du dehors. Présences quotidiennes. Poésie de chaque jour.