Plume

« La nuit est tombée sur l’appartement vide. Aucune étoile ne brille dans le ciel noir. Tu n’es plus là. Tu étais si présente. Partout où je me tenais, je te trouvais : tout près. Je t’écris une lettre que tu ne liras jamais. Tu ne savais pas lire. Ni écrire. Tu déchiffrais les signes mystérieux du monde. Les yeux ouverts. Les yeux fermés. Dans le plissement de ta sagesse infinie. Infinie et modeste. Tu connaissais le mouvement des astres et le langage des oiseaux. Tu écoutais le silence. » Sous la forme d’une lettre de tendresse, Plume évoque la vie et la mort d’une chatte, la douleur de la perte et de l’absence, et pose, par l’expérience d’une connivence vécue, le problème de l’âme des bêtes. Ce récit touchera les amoureux des chats et plus généralement tous ceux qui se sont profondément attachés, à un moment de leur vie, à un animal familier.

 


Format : 14×22
Nombre de pages : 176 pages –
ISBN : 978-2-84418-020-9

 

Année de parution : 2001

12,00 

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Parfois je me suis demandé où tu préférais séjourner pendant mes absences momentanées. Un jour, rentrant à l’improviste, je crus détenir la réponse. Généralement, quand je revenais, tu m’attendais près de la porte. Ce jour-là, tu n’avais pas senti mon arrivée. Je t’ai trouvée allongée, en plein soleil, sur le piano. Etirée de tout ton long. Dans la plénitude du bonheur. Ravie de te découvrir ainsi, j’ai pris quelques photographies, pour en garder le souvenir.

Tu aimais aussi te recueillir, près de la porte-fenêtre, sur une petite étagère de livres, surmontée d’une statuette à l’image du Bouddha. Tu semblais si sage, que je m’inclinais parfois devant toi, en te disant : « Je te vénère, ô mon chat, car toi, au moins, tu ne risques pas d’en tirer vanité. » Et tu plissais les yeux, en signe d’acquiescement.

Tu te souciais peu de devenir un maître spirituel. Détachée des ambitions terrestres et célestes, tu possédais la sérénité des âmes simples, vivant la grâce de l’instant présent, goûtant des gorgées de bonheur dans les flaques de soleil sur le piano, sur le plancher, sur les poufs et le canapé.

Tu venais me rejoindre sur le divan pour des siestes partagées. Tu t’allongeais sur mon cœur, repliais tes pattes en manchon, collais ton museau contre mon nez. Et nous nous endormions. Le rythme régulier de ton ronron m’apaisait, si doucement, si tendrement.

Tu étais la tendresse. Et la compassion. Tu ne supportais pas de me voir dans la peine. De l’autre bout de l’appartement tu venais vers moi, quand j’avais des soucis ou du chagrin. Tu arrivais de toute la vitesse de tes petites pattes et tu savais me calmer, assise sur mes genoux.

Je me souviens d’un soir d’inquiétude, où je me croyais gravement malade. Tu étais venue me réconforter dans ma détresse, te frottant contre moi, en ronronnant, comme si tu me disais: « Ne crains rien, je suis là. » Et l’angoisse s’était dissipée.

Tu étais d’une grande générosité envers les humains. Dès ton adoption mon amie t’avait donné comme second nom « Bhakti ». Pour nous deux tu t’appelais Plume-Bhakti, Plume-tendresse. Un nom symbole d’amour universel. Tu accueillais tous les amis qui venaient dans l’appartement. Tu t’asseyais sur les genoux. Tu léchais les mains, par un geste d’une si grande douceur, d’une douceur si persévérante, que tu faisais oublier la rugosité de ta langue.

Poids 101 g
Auteur

Ansgari Claude

Éditeur

Collection La Part Classique