La Prise du Tonkin

Pierre Loti (1850-1923) est le grand écrivain voyageur de la Belle Époque. À l’automne 1883, l’officier de marine fait partie de l’expédition française qui part à la conquête de l’Indochine, sous l’égide du gouvernement Jules Ferry. Il conte, entre effarement et naïveté, les atrocités perpétrées par les troupes françaises et, par delà, dénonce la folie criminelle des dirigeants.

Rappelé à l’ordre par les autorités militaires qui veulent éviter le scandale, Loti modifiera son texte en le reprenant des années plus tard. Les textes non censurés sont pour la première fois recueillis dans ce volume. Aujourd’hui, ils nous touchent encore, en dénonçant la vanité « civilisatrice ».

Présentation par Franck Javourez

Format : 10,5 x 17
Nombre de pages :  91 pages
ISBN : 978-2-84418-425-2

Année de parution : 2022

 

 

6,50 

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Extraits :

« Les matelots montent en courant sur les dunes, trouvent les Annamites à peine armés, font feu sur eux, en assomment à coups de crosse comme en s’amusant. Toute la bande jaune est en fuite. Un millier d’hommes, peut-être, se sauve devant cette poignée de matelots. »

« Les Français, qui sont montés sur les murailles du fort, tirent sur eux, de haut en bas, presque à bout portant, et les abattent en masse. Ceux qui sont dans l’eau essayent de se couvrir naïvement avec des nattes, des boucliers d’osier, des morceaux de tôle ; les balles françaises traversent le tout. Les Annamites tombent par groupes, les bras étendus ; trois ou quatre cents d’entre eux sont fauchés en moins de cinq minutes par les feux rapides et les feux de salve. »

« Un Annamite, qui jouait le mort sur le sable, est rencontré par un matelot porteur d’un baril, qui le menace du doigt comme on menace les gamins. L’Annamite lui fait humblement : « tchin tchin » et lui embrasse les pieds demandant grâce. – Le matelot a bon cœur et se laisse toucher. – « Seulement, par exemple, tu vas porter mon baril. » Il lui place l’objet sur les épaules et s’en fait accompagner comme d’un groom. »

« Et puis, tout à coup, dans une ligne de tranchée, merveilleusement établie, qui semblait entourer toute la presqu’île, on avait trouvé des gens qui guettaient, tapis comme des rats sournois dans leurs trous de sable : des hommes jaunes, d’une grande laideur, étiques, dépenaillés, misérables, à peine armés de lances, de vieux fusils rouillés, et coiffés d’abat-jour blancs. Ils n’avaient pas l’air d’ennemis bien sérieux ; on les avait presque tous tués là sur place, au milieu de leur effarement, à coups de baïonnettes. »

Poids 90 g
Auteur

Loti Pierre

Éditeur

Collection La Petite Part