Chants de l’âme et du cœur

Ces Chants de l’âme et du cœur de Khalil Gibran s’inscrivent dans la grande tradition lyrique arabe. Le mysticisme de ses récits en prose trouve ici une expression plus onirique, nourrie par une liberté poétique qui entremêle des influences occidentales et orientales. Car si ces « chants » semblent imprégnés d’une ancienne sagesse, ils n’en demeurent pas moins, comme la plupart des textes de Gibran, d’une saisissante modernité. Comme la musique de Beethoven, ils jaillissent du cœur pour pénétrer dans le cœur, et s’apparentent au Mariage du ciel et de l’enfer de William Blake. Car l’art de Gibran réside en sa capacité à transmettre des vérités éternelles d’une façon telle que le lecteur a le sentiment de se promener en une forêt familière. Il sait apaiser l’esprit en l’embrasant.

Ces poèmes de Gibran sont accompagnés de calligraphies de Salih.


Format : 12×17
Nombre de pages : 128 pages
ISBN : 978-2-84418-022-3

 

Année de parution : 2000

13,00 

Catégorie :

À LA PORTE DU TEMPLE

J’ai purifié mes lèvres au feu sacré pour parler de l’amour,

Mais quand je les ai entrouvertes je suis resté sans voix.

Avant de connaître l’amour, je psalmodiais des chansons d’amour,

Mais quand je suis venu à le connaître, les mots restaient muets dans ma bouche,

Et les mélodies dans ma poitrine retombaient dans un profond silence.

Par le passé, si vous m’aviez interrogé sur les secrets et les mystères de l’amour,

Je vous aurais répondu avec force assurance.

Mais à présent que l’amour m’a paré de ses atours,

Je viens, à mon tour, vous interroger sur les formes de l’amour et toutes ses merveilles.

Qui d’entre vous peut me répondre ?

Je viens vous interroger sur mon être et ce qui est en moi.

Qui parmi vous peut révéler mon cœur à mon cœur,

Et révéler mon être à mon être ?

Dites-moi désormais, quelle est cette flamme qui brûle en mon sein,

Qui consume ma force et dissipe mes espoirs et mes désirs ?

Quelles sont ces mains, légères, douces et séduisantes,

Qui étreignent mon esprit dans ses heures de solitude

Et versent dans le vase de mon cœur un vin mêlé de l’amertume de la joie

Et de la douceur de la souffrance ?

Quelles sont ces ailes qui battent au-dessus de mon lit dans le long silence de la nuit,

Afin que je reste éveillé, observant – je ne sais quoi ;

Écoutant ce que je n’entends pas, et regardant ce que je ne vois pas ;

Réfléchissant sur ce que je ne comprends pas, et possédant ce que je n’ai pas acquis.

Oui, je suis bien éveillé, soupirant,

Car les soupirs et les chagrins me sont plus chers que le bruit de la joie et des rires ;

Je suis bien éveillé dans la main d’une puissance invisible qui me tue et puis me ravive,

Jusqu’à ce que le jour poigne et remplisse de lumière les recoins de ma demeure.

Après quoi je dors, tandis qu’entre mes paupières flétries les ombres de ma veille vacillent encore,

Et qu’au-dessus de ma couche de pierre plane la silhouette d’un rêve.

Et qu’appelons-nous l’amour ?

Dites-le moi, quel est ce secret mystique qui se cache derrière notre vie extérieure,

Et vit au cœur de notre existence ?

Quelle est cette immense libération qui arrive comme la cause de tout effet, et comme l’effet de toute cause ?

Quelle est cette hâte qui assemble mort et vie et fait d’elles un rêve

Plus étrange que la vie et bien plus insondable que la mort ?

Poids 101 g
Auteur

Gibran Khalil

Éditeur

Collection Miscellanées