Cairn pour ma mère

Prix Xavier Grall 2011

  Cairn, amoncellement de pierres sur une tombe. Suite de petits cailloux comme autant de souvenirs et de repères dans l’évocation de la mère. Tombeau qui s’élève de jour en jour plus haut, appelant chaque voyageur à déposer sa pierre pour que la parole passe de génération en génération. Il faut parler pour ceux qui restent, parler pour toutes les mères du monde dont personne ne se souvient et qui ont bien mené le combat de la vie, parler pour inventer des mères à ceux qui n’en ont pas vraiment eu. Car les gestes sont les mêmes et se répètent de mères en filles et remontant le temps chacun peut enfanter ainsi sa propre mère réelle ou fantasmée.

 

Format : 12 x 17
Nombre de pages : 80 pages
ISBN : 978-2-84418-165-7

 

Année de parution : 2008

 

12,00 

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Il faudrait raconter pour les autres, ne pas faire écran, – seule avec mon écran – mais livrer l’attente, le nœud au ventre, l’irréalité de la réalité qui fait irruption, l’impossibilité à être sensible à cet impensable qui nous tombe… du ciel ? Les urgences, le corps sur un brancard. C’est à ce moment-là que je t’ai perdue vraiment – déjà plus là – le sursis n’était qu’une farce, une fausse espérance.

Ajouter une pierre sur une pierre
pour dire ce que tu fus
pierre sur mon coeur
pour l’empêcher d’éclater
le rendre muet
catacombes de la douleur

édifier
souvenir à souvenir
la pyramide de notre tendresse.

Ma mère, pourquoi ai-je les yeux pleins de larmes – mais rien ne coule vraiment – quand je dis : ma mère. Et pourquoi dis-je ma mère alors que je t’ai toujours appelée maman, comme si la mort t’avait octroyé un statut différent, avait mis une distance entre nous. Serais-tu devenue le symbole de la mère. Car mère tu le fus au plus fort de la réalité.

Je ne sais pas aller sur les tombes
je ne sais pas te parler
à travers la pierre
Tu es en moi
cette pierre
qui pèse
C’est moi qui suis sous la pierre
et toi tu volettes autour
et m’apaises.

Sous les yeux
de Notre Dame de Bonne Voie
tu reposes
Tu as fini ta route
– ta route tragique –
C’est nous qui continuons le chemin
et après nous nos enfants
La Vierge est là
joues roses et regard étonné
mais l’enfant a les jambes coupées
Ne peut-il prendre le chemin ?
Qui nous accompagnera
si nous n’avons plus ni Père
ni Fils
et que la Bonne Mère
digne campagnarde aux joues rouges
est statufiée dans son regard figé ?

Une mère c’est une femme
qui regarde son enfant
Tu nous as beaucoup regardés
Tu savais tout de nous.